En route pour le congrès électif de la Fédération Guinéenne de Football, un membre de la commission électorale rend le tablier. Maître Abdoulaye Bangoura puisque c’est de lui qu’il s’agit, a rendu démission mardi 26 décembre 2023. Cette décision intervient en moins d’une semaine après la déclaration de défiance du G47 de faire tomber la commission électorale et celle de recours électoral, pour empêcher la tenue du COMEX. Mais au regard des dispositions du code électoral de la Feguifoot, cette démission n’a aucun impact sur le processus en cours.
Maître Abdoulaye Bangoura, a fait part de sa démission mardi dernier, de la commission électorale de la Fédération Guinéenne de Football. Deux jours après, la nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre à travers notamment une déclaration qu’il a faite chez nos confrères d’Africaguinee.
« J’ai quitté pour des raisons diverses. J’ai été élu par les membres statutaires de la Fédération Guinéenne de Football. Et ce jour, j’avais promis aux membres statutaires que j’allais veiller à l’application stricte de la loi en la matière. Nous avons commencé par l’élection des ligues régionales, malheureusement qui ont été annulées. Nous avons encore repris ces élections. Elles ont été annulées encore pour des raisons qui ne sont pas vraiment fondées à mon sens.
Et, le cas le plus éloquent c’est au niveau de l’élection de la ligue régionale de Boké. Nous avons fait une élection là-bas, on a dit que le Procès-Verbal (PV) n’a pas été établi. On a communiqué pour la reprise des élections au niveau de la ligue régionale de Boké mais, à notre fort étonnement nous avons reçu une décision de la commission électorale de recours annonçant l’élection de quelqu’un d’autre. Or, la commission électorale de recours n’a pas pour vocation d’élire quelqu’un. Je me demande sur quoi ils se sont fondés pour faire ça. Finalement, j’ai décidé de rendre le tablier parce que je n’étais plus écouté et mes propositions n’étaient plus prises en compte » a-t-il déclaré.
Pourtant, dans sa lettre de démission adressée au Président de la commission électorale, le démissionnaire n’a pas manqué de mots pour exprimer sa reconnaissance et ses compliments aux membres de ladite commission.
« Je suis reconnaissant pour les opportunités qui m’ont été données dans cette commission. J’apprécie les idées que j’ai apprises et je m’attends à ce qu’elles m’aident dans mes projets futurs. Je tiens à remercier l’ensemble des commissaires pour leur sens de dévouement, en vue de doter la fédération guinéenne d’un Comité Exécutif.
Je tiens également à remercier le Secrétaire Général de la Fédération Guinéenne de Football et tous le personnel de la FGF pour leurs apports durant cette mission. J’ai vraiment apprécié travailler avec vous, la main sur le cœur, je vous dis merci infiniment.
Dans mes fonctions de commissaires, si j’ai eu à toucher à la sensibilité des uns et des autres, en toute sincérité et humilité, je vous demande pardon. Je prie le Seigneur de vous garder tous et de veiller sur la bonne marche de la commission électorale », lit-on dans sa lettre de démission. Qu’est ce qui explique ce paradoxe ?
Par ailleurs, s’agissant de la décision de la commission électorale de recours sur l’élection de la ligue régionale de Boké, il faut dire que cette dernière a été saisie d’un recours motivé et documenté par des pièces à conviction émanant d’un candidat de Boké.
Étant donné que l’une des règles du football est que toute équipe, qui empêche un match de se tenir selon les règles définies, en cas de contestation, elle perd le match sur tapis vert (forfait) 2/3 ou 4 à zéro. Et l’adversaire est déclaré vainqueur sans avoir joué sur le terrain. Voilà la règle sportive que la commission électorale de recours a appliquée en conformité avec les textes dans examen de la requête. Pour quelle raison Maître Abdoulaye Bangoura se dresse contre cette décision ? Quelle lecture fait-il des dispositions du code, concernant les décisions de la commission électorale de recours ?
En outre, comme par magie, cette démission intervient en moins d’une semaine après la déclaration du Général Mathurin Bangoura et son G47, qui ont promis de faire tomber la commission électorale et celle de recours électoral, dans le but d’empêcher la tenue du COMEX.
« Après cette conférence, le lundi, nous allons convoquer une réunion extraordinaire lors de laquelle, nous allons demander la révocation de la commission électorale et celle de recours, parce que nous avons ce pouvoir en tant que membres statutaires », déclarait samedi dernier le Général Mathurin Bangoura au nom du G47, à la faveur d’une conférence de presse.
Dorénavant, il n’y a-t-il pas lieu de croire que la démission de Maître Abdoulaye Bangoura est une bidouille du G47 pour tenter de discréditer la commission électorale ? N’est-ce pas la mise en œuvre de leur défiance vis-à-vis des autorités qui souhaitent de tout leur vœu, doter la FGF de son Comité Exécutif le 6 janvier prochain ? Qu’a-t-on fait des engagements pris sur l’honneur à la Présidence de la République, de permettre enfin la tenue du COMEX à la date indiquée ?
Mais de l’avis de plusieurs observateurs, la démission d’un membre de la commission électorale, n’impacte en rien le processus en cours, en ce sens que cela est prévu par les dispositions du code électoral de la Feguifoot, qui dispose en son article 3 ce qui suit :
« Au cas où un membre ou plusieurs membres des commissions sont candidats à des postes électifs ou sont empêchés d’accomplir leurs tâches, ils doivent démissionner de leur commission. Chaque membre démissionnaire est remplacé par un suppléant. Les membres des commissions doivent officiellement déclarer leur candidature à un des postes électifs de manière à ce que la procédure de remplacement ci-dessus définie, puisse être effectuée harmonieusement et sans contrainte temporelle portant préjudice aux élections du comité exécutif ».
Au regard de ce qui précède, il est bien clair que la démission de Maître Abdoulaye Bangoura, n’affecte aucunement le processus électoral. C’est donc absurde d’en faire un sujet à débat ou de penser que cela pouvait affecter le déroulement ou la crédibilité des élections.
Le démissionnaire a-t-il agi de son plein gré ou sous une certaine pression ? Ou faut-il croire à une quelconque proximité ou terrain d’entente entre lui et les membres du G47 qui bénéficie du soutien de KPC le PDG de GUICOPRES, le super patron des oligarques des travaux publics dont l’expertise se mesure par le monopole qu’il a sur les contrats d’Etat jamais achevés et qui se servirait de la magie de l’argent pour faire adhérer tout le monde à sa cause ? Voici entre autres des interrogations légitimes qui se posent dans l’opinion.
Affaire à suivre…
Mamoudou Babila KEITA