Gouvernance économique et financière. Le CNRD est confronté à des difficultés de mobilisation de ressources, à la fois internes et externes. Cette situation a pour conséquence directe le ralentissement des décaissements pour le financement des travaux d’intérêts publics, le retard dans la paie des salaires, des pensions et des dettes. Mais aussi et surtout, la pauvreté des populations. A l’orée d’un éventuel remaniement ministériel qui se trame dans l’opinion, on pose la question à qui la faute ?
D’aucuns diront que le monde traverse une crise multiforme et multidimensionnelle. Malgré ce contexte, il y a bien de pays, tant en Afrique qu’ailleurs dans le monde, qui s’en sortent bien et même très bien grâce à des politiques publiques fiables, efficaces et efficientes. Mais aussi, grâce à des hommes de valeurs, d’expériences, compétents et compétitifs. C’est effectivement ce qui manque à la transition actuelle qui tente de se maquiller en étant nue.
Il est temps pour les ministres de l’économie et du budget, de se remettre en cause, face à cette crise économique et financière aigüe, pour donner une bonne orientation au Président de la transition, sur les véritables raisons de cette perturbation.
C’est bon de vouloir conserver son poste, mais c’est aussi bon d’assumer ses responsabilités quand il y a faillite.
Face à la faible mobilisation des recettes publiques, le ministre du Budget, en tant que premier responsable des impôts et des douanes, se devait d’avouer son incapacité à faire accroître le niveau de mobilisation des ressources.
La régulation budgétaire et le plan de trésorerie sont des instruments à la disposition des ministres du Budget et des Finances, qu’ils auraient pu utiliser pour éviter cette crise économique à la Guinée. Ces instruments édictent le comportement à suivre en cas de moins-values dans la mobilisation des ressources de l’État. Leur utilisation judicieuse aurait permis d’éviter le marasme économique actuel.
Il y a aussi la régulation budgétaire qui permet au ministre de n’autoriser que des dépenses pour lesquelles des ressources sont disponibles pour leur couverture. Cette exigence nous évite l’accumulation de stock d’arriérés. En français facile, on engage ce qu’on peut payer.
S’agissant du ministre de l’économie et des finances, il devrait lui aussi expliquer le faible niveau de mobilisation des recettes non fiscales par la Direction du Trésor et de la Comptabilité Publique, faire le point à l’attention du peuple de Guinée et du Président de la Transition.
Il devrait aussi nous situer sur le niveau de mobilisation des ressources à l’extérieur auprès des bailleurs bi et multilatéraux, en lien avec les compétences dévolues à la Direction de la dette et de l’aide publique au développement.
En raison de la crise économique internationale, un bon ministre de l’économie et des finances devrait miser sur la réduction du train de vie de l’État pour maintenir les agrégats macroéconomiques au vert.
Il lui appartient également de présenter le bilan de gestion des établissements publics industriels et commerciaux pour un éventuel recouvrement des dividendes dues à l’État.
Un autre élément non des moindres, est la qualité des dépenses publiques. En cette période de rareté de ressources, le ministre des finances devrait mettre un accent particulier sur l’exécution des dépenses des départements prioritaires, tels que les ministères en charge de l’éducation, les travaux publics, de l’agriculture, de la santé, de l’énergie, de l’eau, et les secteurs sociaux. Le financement correct de ces secteurs est un moyen efficace de lutter contre la pauvreté.
Au lieu d’agir sur ce levier, tout le gouvernement a opté pour des travaux de rénovation des bâtiments administratifs à coût des milliards, qui n’ont aucune incidence sur le niveau de vie des populations.
Face à ces manquements manifestes et évidents connus de tous les guinéens, personne d’autre ne doit être tenu pour responsable de cet échec gouvernemental.
La contre-performance des départements de l’économie et du budget, n’est aucunement du fait d’un cadre au niveau subalterne. Il est temps que le gouvernement Goumou reconnaisse son échec et explique au peuple, les raisons profondes de la situation de crise dans laquelle ils ont plongé le pays.
Le manque d’expérience et l’incompétence riment toujours avec l’échec et les justifications inutiles à la recherche des faux coupables.
Vivement le retour à l’ordre constitutionnel pour que cessent les désordres au niveau institutionnel !
Mamoudou Babila KEITA