Soixante ans après sa création, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) devenue l’Union africaine (UA) a du mal encore à relever des défis qu’elle s’est fixée dès sa création. Parmi ces défis le panafricanisme qui vise la mise en place d’une organisation politique intégrée de toutes les nations et peuples d’Afrique.
Voir cette ambition politique se matérialiser, est aujourd’hui le plus grand souhait de certains hommes politiques, artistes et activistes engagés du continent. Partant de l’analyse de la nature des relations bi-et multilatérales qui existent entre ces Etats africains notamment la Guinée, le Mali et le Burkina en situation de transition, peut-on encore croire sans risque de se tromper que l’Afrique formera un jour une seule et même nation avec un seul président ? Sur la question, des activistes de la société civile et politiques Guinéens se prononcent.
« Quand nous serons unis, ça va faire mal. Quand nous serons unis comme les Etats Unis d’Amérique, ça va faire mal » a dit, depuis belle lurette le célèbre artiste Ivoirien Tiken jah Fakoly.
Comme lui, beaucoup d’autres africains, caressent le rêve de voir une Afrique unie qui constitue pour eux le gage de tout progrès et succès du continent.
Très malheureusement, l’observation des situations politiques en Afrique depuis plus de six décennies, donne peu de chances à ces optimistes de croire encore à l’avenir du panafricanisme.
Avec les coups d’Etat perpétrés ces derniers temps au Mali ; en Guinée et au Burkina fasso, beaucoup d’observateurs de la sphère politique africains, manifestent incessamment depuis lors, le désir d’une fédération de ces trois pays qui traversent une période transitoire.
Même si cette possible fédération paraît être avantageuse, force est de reconnaître que, certains activistes de la société civile et politiques ne la trouvent pas à leurs goûts.
Pour eux, le handicap à cette vision qui pourrait aboutir sur l’unité de l’Afrique toute entière, serait le manque de volonté politique des dirigeants de ces pays frères d’Afrique de l’Ouest.« C’était une très très bonne chose, mais c’est la gestion et le comportement des hommes qui font que les choses tardent. Prenons par exemple le cas guinéen, où l’inconscience est plus développée que la conscience. Alors comment voulez-vous que ces gens-là parviennent à se mettre en fédération ?
Comment voulez-vous que la Guinée, le Mali et le Burkina Fasso forment une fédération alors que ceux qui sont au pouvoir sont illégitimes ?
À l’heure actuelle, on ne peut pas parler de ces trois pays dans le panafricanisme parce que ce sont des gouvernements illégitimes. D’ailleurs, ils n’ont pas les mêmes objectifs, les deux autres sont agressés, c’est la recherche de la sécurité qui les préoccupe. Ce qui n’est pas le cas de la Guinée », estime Antoine Dôgbô GUILAVOGUI fédérale du parti UFDG en haute Guinée(kankan).
« C’est de l’utopie », aborde aussi Bangaly SYLLA, membre des organisations de la société civile de kankan.
« Comment pouvez-vous envisager une fédération entre ces trois pays alors que les autorités de ces pays ne parviennent pas encore à respecter la libre circulation entre eux comme l’a demandé l’union africaine ? », s’interroge-t-il aussi avant de poursuivre:
«Moi, je ne crois pas au panafricanisme. Puisque, depuis sa création, l’union africaine ne parvient pas encore à réaliser certains de ses objectifs primaires. L’institution elle-même ne parvient pas à se prendre en charge sur le plan financier. C’est l’Union européenne qui la finance pour son fonctionnement à hauteur de 75℅. Si on ne parvient pas à nous financer à hauteur de 50℅ comment est-ce qu’on peut prôner le panafricanisme dans un espace qui ne parvient même pas à prendre son budget en charge ? Le mieux serait de chercher à mettre en place une véritable liaison économique entre ces pays » pense-t-il.
Partant de ces analyses, il faut retenir que l’aboutissement d’une fédération Guinée ; Mali ; Burkina Faso, en gros du panafricanisme qui veut voir tous les pays du continent former une seule et même nation, n’est pas envisageable pour le moment à moins que l’UA ne se réinvente.
Sékou CAMARA pour Inquisiteur. net